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Après le suicide, vendredi 17 novembre 2017, de son mari, militaire à la base aérienne 105 d’Évreux (Eure), Sylvain accuse un gradé de harcèlement. (©Jean-Paul Gosselin/L’Impartial)

Après le suicide, vendredi 17 novembre 2017, de son mari, militaire à la base aérienne 105 d’Évreux (Eure), Sylvain accuse un gradé de harcèlement. (©Jean-Paul Gosselin/L’Impartial)

Un militaire de la base aérienne d'Évreux s'est donné la mort, vendredi 17 novembre 2017. Son époux accuse l'un de ses supérieurs de « harcèlement homophobe ». Témoignage.

« Il a promis de détruire mon mari et il a réussi ». Ces mots très durs sont ceux de Sylvain et visent un adjudant de la base aérienne 105, à Évreux (Eure). Sylvain l’accuse d’avoir harcelé pendant un an Clément, son époux, militaire à la BA105, le conduisant au suicide. Clément s’est donné la mort à leur domicile, vendredi 17 novembre 2017.

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« Il était harcelé parce qu’il était gay »

Chez Sylvain, la tristesse se mêle à la colère. D’après lui, son mari Clément, âgé de 37 ans, sergent à l’escadron de protection de la base aérienne 105, s’est suicidé à cause du harcèlement qu’il aurait subi pendant un an de la part de son supérieur hiérarchique. Il explique :

Il était harcelé parce qu’il était gay. Quand il passait dans les couloirs, on lui lançait : « Tiens, regarde-moi l’autre pédé ». 

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Ce harcèlement se serait accentué entre octobre et novembre 2017. Une plainte aurait même été déposée pour attouchements sexuels contre Clément. « Chaque fois qu’un nouveau arrivait à la base, son adjudant l’incitait à déposer plainte contre mon mari », accuse Sylvain, qui ajoute :

Devant des témoins, il a dit à Clément qu’il le détruirait. On peut dire qu’il a réussi, mon mari n’est plus là désormais.

18 ans sur la base aérienne d’Évreux

Toujours d’après son mari, Clément aurait tenté de signaler le harcèlement dont il se disait victime mais ses démarches seraient restées sans suite. En revanche, il aurait été suspendu de ses fonctions car il était « dangereux pour lui-même ». Un véritable coup de massue pour ce militaire « engagé dans l’Armée depuis 18 ans et qui avait participé à neuf opérations extérieures », décrit son mari. 

Contacté par la rédaction de Normandie-actu, le commandant de la base aérienne 105, le colonel David Desjardins, indique au contraire qu’ « aucune suspension ni sanction disciplinaire » n’était en cours à l’encontre de Clément. Celui-ci était en revanche « en permission au moment des faits », précise le commandant de base, qui ajoute : 

Cet événement est vraiment dramatique pour l’ensemble du personnel de la base aérienne. Clément était un excellent militaire avec d’excellents états de service. Il avait consacré l’ensemble de sa carrière à Évreux. Il n’y avait aucun signe avant-coureur à ce geste.

« On m’a interdit de lire le courrier qu’il a laissé »

Vendredi 17 novembre, Clément s’est pourtant donné la mort en se pendant à son domicile de Cailly-sur-Eure, au nord d’Évreux. Une source judiciaire confirme à Normandie-actu qu’il a laissé un écrit expliquant son geste. Une missive à laquelle Sylvain n’a pas eu accès, assure-t-il :

On m’a dit qu’il avait laissé un courrier pour moi mais on m’a interdit de le lire. On m’a juste brièvement expliqué ce qu’il disait dans cette lettre mais je n’ai aucune idée de ce qu’il a vraiment écrit.

Le veuf indique aussi ne pas savoir qui est en charge de l’enquête sur le décès de son mari.

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Une enquête ouverte pour harcèlement

Contacté par Normandie-actu, le parquet d’Évreux confirme qu’une enquête en recherche des causes de la mort est menée par la Brigade de recherches de la gendarmerie de Louviers. Le procureur adjoint Éric Neveu détaille :

L’enquête est en cours et pour l’heure, il est trop tôt pour confirmer ou infirmer le lien entre ce suicide et le travail. De nombreux paramètres sont en cours de vérification, tant sur le plan personnel que professionnel. 

Quant aux accusations de harcèlement portées par le mari de Clément, le parquet a saisi la section de recherches de la gendarmerie de l’Air.

Seule certitude pour le parquet d’Évreux, Clément s’est bien suicidé. « Les investigations permettent d’exclure toute intervention humaine extérieure », précise ainsi Éric Neveu qui entend par ailleurs rester « très prudent » sur ce dossier « sensible ».

« Je vais poursuivre l’État »

Le commandant Desjardins, lui, affirme avoir rencontré plusieurs fois le mari de Clément et se dit particulièrement mobilisé sur ce « drame qui a particulièrement affecté ses camarades ». Quant à l’enquête en cours, « il ne m’appartient pas de réagir », poursuit le haut-gradé, qui attend désormais que l’enquête judiciaire détermine « les responsabilités éventuelles ».

Sylvain, lui, compte bien faire entendre sa voix, « pour rendre justice à Clément. Je veux que la vérité éclate et croyez-moi, je ne vais pas en rester là ». Il annonce d’ores et déjà son intention de « saisir la justice pour poursuivre l’État pour les faits de harcèlement ».

Tag(s) : #Actualités
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